Sortir la préservation de la planète des critères de Maastricht

critères de maastricht« Il faut sortir des critères de Maastricht les investissement pour l’efficacité énergétique et pour le développement des énergies renouvelables » .

Cette proposition a été formulée par Nicolas Hulot (tout en précisant que l’idée n’était pas lui) lors de l’Émission politique du mois de Novembre dernier.

Elle ne semble pas avoir eu dans la presse et dans le milieu politique l’écho qu’elle mérite. Posons-nous deux minutes sur le sujet :

En 1992, dans la perspective de la création d’une monnaie unique, le Traité de Maastricht a prévu un certain nombre de « critères de convergence » ayant pour vocation de rapprocher les économies – très différentes – des Etats membres. L’objectif était d’éviter qu’un pays laisse filer l’inflation, sa dette publique ou son déficit, faisant peser des risques sur la capacité d’emprunt de ses voisins et sur la stabilité de l’euro sur les marchés.

Pour entrer dans la zone euro, les Etats membres de l’UE doivent donc respecter les critères dits « de Maastricht ». Notamment, afin que la situation de leurs finances publiques soit jugée « soutenable », leur budget ne doit pas accuser de « déficit excessif », c’est-à-dire que le déficit public annuel ne doit pas excéder 3 % du produit intérieur brut (PIB), et la dette publique (de l’Etat et des agences publiques) 60 % du PIB.

Tout ça, économiquement parlant, c’est très bien.

Mais maintenant nous sommes en 2018. Et il existe des problématiques qui surpassent de loin le déficit public et la dette des états. La planète brûle, le climat se dérègle, nous vivons la sixième extinction de masse des espèces et la biodiversité est en péril. Par effet domino notre civilisation est clairement menacée.

Cette situation est désormais connue de tous, mais les raisonnement politiques ne changent pas pour autant. Quand il était au gouvernement, Nicolas Hulot s’était vu opposer les ‘contraintes budgétaires’ pour justifier de la non-faisabilité de ses propositions. Aux vues de l’urgence climatique et environnementale, on comprend la frustration qu’il a dû ressentir…

La soumission du gouvernement aux critères de Maastricht n’est pas à décrier au niveau économique … c’est un gage de bonne gestion des comptes de l’état. Mais à l’heure où plus que jamais l’écologie doit être imposée « politiquement » à l’économie comme un objectif supérieur, il faut innover, reconsidérer, proposer… et ne pas s’obstiner à vouloir respecter des règles qui d’un côté nous évitent un pépin passager mais d’un autre nous font plonger dans l’abysse pour toujours…

En résumé, faire voler en éclat les critères de Maastricht sur les sujets environnementaux ne devrait même pas faire débat. Bien évidemment les investissements pour l’efficacité énergétique et pour le développement des énergies renouvelables mais plus largement encore tous les budgets alloués à la préservation de la planète ne devraient subir aucune limitation. Sous un contrôle de l’UE, certes, pour éviter les ‘fraudes’, mais en s’affranchissant de critères obsolètes et inadaptés à la situation.

Zipolite.

Au tour des écologistes de brûler des voitures ?

feu voitures brûléesAprès quatre samedis consécutifs de manifestations d’ampleur au cours des mois de Novembre et Décembre, les « Gilets Jaunes » sont parvenus à faire plier Emmanuel Macron. Il y a quelques jours dans son allocation télévisée, le Président de la République a annoncé toute une série de mesures sociales visant à calmer la colère des manifestants.

Il est encore bien trop tôt pour juger de la qualité de ces mesures, de leur application, et de la réaction à venir des personnes concernées, mais force est de constater que le mouvement des « Gilets Jaunes » a obtenu sa première grande victoire.

Qu’est-ce qui a convaincu Macron de céder ?

Une prise de conscience de la difficulté qu’ont les Français à finir leur mois ? L’importance du nombre de manifestants ? Certainement un peu de ça, mais pas seulement.

La violence et les ‘casseurs-pilleurs’ ont probablement joué un rôle déterminant dans la décision d’action du Chef de l’état. Les images d’affrontement avec les forces de l’ordre, les vitrines éclatées et les voitures brûlées ont donné une image terrible de la France et par extension de son principal représentant : le président de la République.

Ce n’était plus acceptable pour ce dernier, qui a était contraint d’établir des propositions en un temps record.

C’est donc la violence qui a – en grande partie – fait céder Emmanuel Macron. Pourtant, les personnes responsables de certains actes violents n’avaient finalement rien à voir avec le mouvement des « Gilets Jaunes ». Il y avait des casseurs qui ont simplement profité de l’aubaine des manifestations débordantes pour saccager voitures et magasins. Une minorité de personnes a donc largement contribué à faire évoluer les choses, tandis que la majorité ‘sage’ aurait pu manifester longtemps sans jamais voir les effets de ses actions…

On pourrait alors faire un parallèle avec l’écologie.

À l’image de la détresse des « Gilets Jaunes », L’état d’urgence écologique est considérable et la réaction des politiques inexistante.

Les ONG qui alertent sur le sujet existent depuis des années sans avoir réussi à convaincre les politiques. Ces derniers sont englués dans un immobilisme désespérant. Certaines annonces à effets sur les sujets écologiques existent parfois, mais sont suivis d’une inaction déconcertante ou, pire encore, de retours en arrière.

Les « marches pour le climat » se multiplient dans le monde mais ne réunissent pas encore assez de militants aux yeux des politiques pour qu’ils s’en préoccupent. Elles n’ont donc qu’un impact minime.

Une question se pose alors :

Que se passerait-il si les futures manifestations pour la protection de la terre débordaient considérablement. Si en marge de manifestations pacifiques, certains militants écologistes brulaient des voitures et cassaient des vitrines.

Emmanuel Macron en viendrait-il à traiter plus sérieusement l’urgence écologique ?

Serait-il capable de proposer en quelques jours un plan accéléré pour la transition énergétique de notre pays, une taxe carbone étendue, et des mesures pour la protection de la biodiversité, le tout accompagné des mesures sociales nécessaires à la mise en place d’un tel programme ?

La violence est-elle un moyen légitime de faire entendre la voix de la planète ?

Les violences observées par Greenpeace sur les sujets écologiques n’ont pas toujours bonne presse. Mais dans le désespoir de l’immobilisme de l’État, l’inefficacité de tous les moyens d’actions sur le sujet, et l’exaspération croissante des écologique, la violence deviendra-t ’elle une option pour sauver planète ?

Zipolite.